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au droit que la violence, et de plus inique qu’un rassemblement de gens armés ?

XII. Si j’ai raisonné juste, et si les circonstances du fait sont telles, qu’elles appellent surtout l’animadversion des magistrats, je vous le demande encore, ai-je action, ou non pour ce fait ? Non, me direz-vous. Lorsque, dans un temps de calme et de paix, un homme a levé une troupe, disposé un rassemblement, lui a donné des armes, et l’a rangé en bataille pour repousser, mettre en fuite et chasser, par l’emploi de ces armes, de ces satellites, par la terreur, par la crainte de la mort, des gens sans armes, venus à un jour fixé pour procéder par les voies de droit, je suis bien aise d’entendre cet homme vous dire : « J’ai fait, il est vrai, tout ce que vous dites. Mon action était violente, téméraire, et pouvait avoir des suites funestes : mais qu’importe ? Elle demeure impunie ; car il n’est, dans le droit civil ni dans le droit prétorien (29), rien qui vous donne action contre moi. » Quels discours, juges ! Souffrirez-vous qu’on les répète sans cesse en votre présence ? Nos ancêtres, gens pleins de sagesse et de prévoyance, ont établi une législation qui embrasse toutes les affaires de la vie, depuis les plus grandes jusqu’aux plus petites. Auraient-ils oublié d’y comprendre le seul cas où nous nous trouvons, le plus grave de tous ? Quoi ! si des hommes armés m’avaient chassé de mon domicile, j’aurais action contre eux ; et, s’ils n’eussent fait que m’empêcher d’y entrer, je n’en aurais aucune (30) ! Je ne discute encore ni le fond de la cause de Cécina, ni notre droit de propriété ; c’est seulement, C. Pison (31), votre système de défense que j’attaque. Quand je vous entends faire ce raisonnement : « Si Cécina, se trouvant sur le fonds qu’il réclame, en eût été chassé, il aurait dû, dans ce