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réunis, à ces armes, à ces traits lancés, à ce péril imminent de la mort, à cette évidente démonstration de massacre, peut-il vous rester encore de l’incertitude sur la violence faite à Cécina ? Où donc verrez-vous de la violence, si vous refusez d’en reconnaître ici (28) ? Jugez-vous péremptoires de tels moyens de défense : Je ne l'ai pas chassé, mais empêché d’entrer ; je ne vous ai pas laissé pénétrer sur le fonds en litige, mais je vous ai opposé des gens en armes, afin de vous faire comprendre que, si vous y mettiez le pied, vous étiez mort ? Quelle défense ! Quoi ! Ébutius, celui que vos armes ont épouvanté, fait reculer, mis en fuite, ne vous paraît donc pas avoir éte chassé ? Mais plus tard nous reviendrons sur le mot ; établissons, quant à présent, le fait, que ne nient point nos adversaires, et voyons l’action à laquelle, en droit, il peut donner lieu.

Voici le fait, qui n’est pas contesté par nos adversaires. Cécina, au jour, à l’heure fixés, est venu pour être dépossédé selon les formalités d’usage ; il a été éloigné, repoussé avec violence par un rassemblement d’hommes armés. Ce fait étant constant, moi, qui suis absolument étranger au droit, aux affaires, aux procès, je crois, pour ce motif, avoir action, afin d’obtenir justice, en vertu de l’ordonnance du préteur, et de vous poursuivre pour fait d’outrage, Ébutius. Supposez donc que je sois dans l’erreur, et que l’ordonnance ne me donne aucun droit à la satisfaction que je sollicite : ce sont vos propres lumières que je réclame sur ce point ; soyez ici mon maître. Je vous demande si j’ai action ou non pour le fait dont il s’agit. Certes, il n’est pas légal de rassembler des hommes à l’occasion d’un débat sur une possession, ni d’armer un attroupement pour défendre son droit. Qu’y a-t-il de plus contraire