Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contre, et véridique dans son témoignage. A. Attilius et son fils L. Attilius ont déposé qu’ils vinrent en armes, amenant à Ébutius leurs gens armés. Ils ont ajouté que, lorsque Ébutius menaçait Cécina de la mort, celui-ci l’invita à le déposséder dans les formes usitées. P. Rutilius a déposé du même fait, et d’autant plus volontiers, qu’il se trouvait flatté d’avoir une fois été cru en justice. Il est deux autres témoins qui n’ont point parlé de la violence exercée, mais seulement de l’acquisition de la terre. Le vendeur de ce fonds, P. Césennius, dont le corps a plus de poids que l’esprit, et le banquier Sex. Clodius, surnommé Phormion (21), parce qu’il est aussi basané, aussi présomptueux que le Phormion de Térence (22), ont fait des dépositions où il n’est point question de la violence, et qui sont en tous points étrangères à la cause. J’arrive au dixième témoin, celui que vous attendez, que j’ai réservé pour le dernier ; c’est un sénateur du peuple romain, la gloire de son ordre, l’honneur et l’ornement de la magistrature, le modèle de la sévérité antique ; c’est Fidiculanius Falcula (23). Après avoir montré une véhémence, une chaleur qui faisaient craindre qu’il ne nuisît à Cécina par son parjure, et qu’il ne se fâchât contre moi, je l’ai calmé, adouci à tel point, qu’il n’a plus osé répéter, comme vous vous en souvenez, de combien de milles sa terre était éloignée de Rome. En effet, Falcula ayant dit que cette distance n’était pas moindre de cinquante-trois milles (24), le peuple s’écria en riant qu’il disait juste. Or, il n’était personne qui ne se rappelât que c’était là le compte des sesterces qu’il avait reçus dans le jugement d’Oppianicus. Que puis-je dire contre lui, sinon ce qu’il lui serait impossible de nier ? Qu’il vint siéger dans un tribunal où se jugeait une cause publi-