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compte ; comme si nous contestions que le fonds lui ait été adjugé, et comme si personne alors avait douté qu’il l’achetât pour Césennia. La plupart le savaient, tout le monde l’avait entendu dire, et chacun pouvait aisément le conjecturer. Il revenait à Césennia de l’argent dans la succession ; il y avait avantage pour elle de l’employer à l’achat d’une terre ; celle qui était à sa bienséance était en vente ; celui qui se portait enchérisseur était un homme qu’on ne pouvait s’étonner de voir agir pour Césennia ; personne enfin ne pouvait soupçonner qu’il achetât pour lui-même. L’acquisition faite, Césennia en paie le prix. Voilà ce qu’Ébutius pense qu’on ne peut prouver, parce qu’il a soustrait les registres de sa bienfaitrice, et qu’il présente ceux du banquier, où sont portés l’argent qu’il a versé et l’objet de l’adjudication ; comme si la chose avait pu se faire autrement. Tout s’étant passé comme nous l’affirmons, Césennia prit possession du fonds, et l’afferma. Bientôt après, elle épousa A. Cécina. Pour abréger, cette dame meurt, après avoir fait un testament par lequel elle instituait son mari héritier pour onze douzièmes et demi de ses biens. Des trois soixante-douzièmes restant (12), deux étaient accordés à M. Fulcinius, affranchi du premier époux de Césennia ; l’autre était dévolu à Ébutius, en récompense de son zèle et de ses peines, si tant est qu’il en eût eu. C’est ce faible legs qu’il regarde comme pouvant servir de fondement à toutes les chicanes qu’il nous intente.

VII. Pour commencer, Ébutius osa dire que Cécina ne pouvait hériter de Césennia, parce qu’il avait été enveloppé dans la disgrâce des habitans de Volaterre (13) sa patrie, qui furent, durant nos troubles, dépouillés des droits