Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mort, fait un testament par lequel il institue pour son héritier un fils qu’il avait eu de Césennia, et lègue à celle-ci l’usufruit de tous ses biens, pour en jouir conjointement avec son fils. Une si haute marque de considération de la part de son époux eût été bien chère à Césennia, si elle eût été durable ; car elle aurait joui des biens de Fulcinius avec un fils auquel elle désirait laisser les siens, et qui faisait le plus grand charme de sa vie. Mais le sort détruisit bientôt ses espérances de bonheur. Peu de temps après, le jeune Fulcinius mourut, instituant P. Césennius son héritier ; il léguait à son épouse une somme d’argent considérable, et à sa mère la majeure partie de ses biens. Ces deux femmes furent donc appelées au partage de la succession.

'V. La vente de cette succession était décidée (9). Dès long-temps Ébutius, profitant du veuvage et de l’isolement de Césennie, s’était insinué dans son intimité, et s’était fait un moyen d’existence en dirigeant, non sans profit pour lui-même, les affaires et les procès qui pouvaient survenir à cette femme. On le vit dans ce temps-là jouer un rôle très-actif lorsqu’il fut question de cette licitation de partage. Il se mêlait de tout, il s’ingérait dans tout avec empressement. Il réussit à donner à Césennia une si haute opinion de son mérite, que, dans son inexpérience, elle s’imaginait que rien ne pouvait être bien fait que par les mains d’Ébutius. Il est, juges, un caractère que l’on rencontre chaque jour dans le monde ; c’est celui de ces hommes courtisant les femmes, sollicitant pour les veuves, chicaneurs à l’excès, amis des querelles et des procès, aussi sots qu’ignorans aux yeux des hommes, mais habiles et