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diquer notre possession, en vertu d’une sentence provisionnelle du préteur ?’

IV. Mais que ce soit la crainte des périls que courait l’honneur d’Ebutius, ou l’obscurité du droit, qui vous ait portés jusqu’à ce jour à différer votre jugement, le premier de ces obstacles n’existe plus ; c’est vous-mêmes qui l’avez écarté par vos fréquentes remises. Quant à l’autre obstacle, je vais aujourd’hui même le lever, afin de mettre un terme à vos incertitudes sur le fond de notre débat, et sur la question de droit en général. Si par hasard vous jugez que, pour établir nos preuves, je suis remonté plus haut que ne l’exigent la nature de la cause et le point de droit dont il s’agit, je vous prie de me le pardonner ; car Cécina craint autant de paraître avoir usé contre Ebutius de toute la rigueur du droit, que de ne pas obtenir de vous une sentence favorable.

M. Fulcinius, né à Tarquinies, ville municipale, où il occupait un rang distingué, exerçait à Rome la banque avec honneur. Il épousa Césennia, née d’une famille illustre du même municipe, et d’une vertu irréprochable, comme il l’a lui-même attesté de son vivant en maintes occasions, puis déclaré à sa mort par son testament. À cette époque de troubles (7), qui fut si fatale aux affaires, il vendit à Césennia un fonds qu’il possédait dans le territoire de Tarquinies. Comme il employait dans son commerce la dot de son épouse, qu’il avait reçue en argent comptant, il hypothéqua cette dot sur ce fonds, afin qu’elle courût moins de risques. Peu de temps après, Fulcinius se retira des affaires, et acheta quelques terres contiguës à celle de son épouse. Ici je passe beaucoup de faits étrangers à ma cause (8). Fulcinius, au lit de