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seulement que Domitius aima mieux être taxé de cruauté pour avoir puni, que de faiblesse pour n’avoir pas exécuté la loi (7).

xx IV. C’est grâce à ces règlemens établis pour la Sicile, que, dans un temps où la guerre des fugitifs embrasait toute l’Italie, C. Norbanus (8), qui n’était ni très-actif ni très-ferme, put maintenir dans cette province la plus parfaite tranquillité. Rien d’ailleurs de plus aisé pour la Sicile que de se garantir elle-même d’une guerre intestine. En effet, comme nos commerçans et les Siciliens vivent dans une parfaite union, fondée sur des relations habituelles d’affaires et d’amitié ; qu’ainsi la situation particulière de ceux-ci doit leur faire trouver d’immenses avantages dans la paix ; que d’ailleurs ils chérissent la domination romaine au point qu’ils ne voudraient nullement y porter atteinte, encore moins passer sous d’autres lois ; enfin, que les ordonnances des préteurs et la police des maîtres sont d’accord pour empêcher toute insurrection de la part des esclaves, nous n’avons lieu de redouter qu’aucun trouble domestique naisse dans le sein de cette province.

Quoi donc ! les esclaves n’ont-ils, pendant la préture de Verrès, fait aucun mouvement en Sicile ? N’a-t-on pas quelque complot à leur imputer ? Aucun du moins qui soit parvenu à la connaissance du sénat et du peuple romain, et au sujet duquel Verrès ait officiellement écrit à Rome. Cependant il se peut que, dans quelques bagnes d’esclaves, il y ait eu un commencement d’insurrection. Oui, j’en ai l’idée ; et ce soupçon est fondé moins sur quelque évènement connu que sur les actes et les décrets