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un mandat, un fidéi-commis, un homme en a trompé un autre, on diffèrera sa condamnation, par cela même que son délit est plus grave ! — Mais, dit-on, la sentence est infamante. — Oui, parce que l’infamie est dans l’action. Voyez donc, juges, combien il serait injuste que, parce qu’une action infâme déshonore, on prît prétexte de ce déshonneur pour s’abstenir de juger un honteux délit. Quelque juge, quelque commissaire, me dira peut-être : « Vous pouviez intenter une action moins grave, et par-là parvenir plus facilement et plus sûrement à vous faire rendre justice ; ainsi donc, ou suivez une autre marche, ou ne me pressez pas de juger. » Certes, ce juge me paraîtrait plus timide et plus prévenu qu’il ne sied à un magistrat ferme et impartial, puisqu’il me prescrirait la manière dont je dois poursuivre mon droit, et n’oserait pas prononcer sur le fait soumis à son jugement. Si en effet le préteur, qui donne des juges, n’impose jamais à un demandeur le mode d’action qu’il doit suivre (5), réfléchissez s’il est juste, lorsqu’une forme de procéder a été réglée, qu’un juge s’occupe de celle qu’on aurait pu ou qu’on pourrait suivre, et non de celle qui a été suivie. Cependant nous applaudirions à l’excès d’indulgence dont vous faites preuve, si nous connaissions quelque autre forme pour revendiquer nos droits. Qui de vous maintenant pourrait nous conseiller de passer condamnation sur une violence exercée par des gens armés, ou nous indiquer une voie plus douce pour en obtenir réparation (6) ? Dans une convention (car c’est le terme qu’ils affectent d’employer) donnant lieu à une action pour cause d’outrages, ou à un procès capital, pouvez-vous nous taxer de dureté quand vous voyez que nous n’avons fait jusqu’à présent que reven-