Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ruse combinée avec finesse. En effet, s’ils eussent nié la violence faite à l’aide de gens armés, nous produisions d’irréprochables témoins qui confondaient sans peine et sur tous les points leur imposture. Loin de là, ils ont avoué ce que nous leur reprochons, et ils ont soutenu qu’ils avaient droit de faire ce qui n’est permis dans aucun cas. Il faut donc qu’ils aient espéré, et cet espoir s’est réalisé, de vous inspirer quelques scrupules, et de vous engager à de nouvelles délibérations et à l’ajournement de votre arrêt. C’est qu’en même temps ils se sont flattés, voyez l’excès de leur confiance, que, dans cette cause, il ne serait point question des excès commis par Sex. Ebutius, mais seulement d’un point de droit civil (4). Si, dans cette circonstance, je n’avais à défendre que Cécina, je me croirais assez capable d’accomplir une telle mission, puisque je puis répondre de ma loyauté et de mon zèle, qualités qui, surtout dans une affaire si simple et si claire, n’exigent point chez un défenseur la supériorité du talent. Mais j’ai à vous entretenir d’une jurisprudence qui embrasse les intérêts généraux, qui fut établie par nos pères et conservée jusqu’à nos jours. Y déroger une fois, ce serait porter atteinte à une partie du droit civil, et consacrer par un jugement la chose du monde la plus contraire au droit, je veux dire la violence. Or une pareille matière me semble exiger une haute capacité, non point pour démontrer ce qui frappe tous les yeux, mais pour empêcher que, si nos adversaires parviennent à vous faire prendre le change sur un point si important ; le public s’imagine que c’est plutôt moi qui ai manqué à ma cause, que vous aux devoirs sacrés de votre ministère. Au surplus, juges, je suis convaincu que ce n’est point l’obscurité du droit ni