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clier et d’une épée, et mes gens n’avaient que des pierres et des bâtons. »

Ceux qui ne fréquentent pas le barreau ne pourront croire qu’on ait fait valoir sérieusement de si pitoyables moyens ; les autres s’étonneront que le plus grand orateur se soit chargé d’y répondre. Il en paraît lui-même honteux ; il prie les juges de l’excuser s’il emploie plus de subtilité dans cette cause que dans celles qu’il a déjà défendues : il y est forcé par son adversaire. Velim, recuperatores, hoc totum si vobis versutius quam mea consuetudo.

Mais l’homme d’un vrai talent se fait reconnaître jusque dans les sujets qui sont le moins dignes de l’occuper. Au milieu de cette réfutation, on trouve deux morceaux remarquables, l’un sur le respect dû au droit civil, l’autre sur cette question importante : lequel vaut le mieux que l’on s’attache à l’esprit de la loi, ou que l’on s’en tienne rigoureusement à la lettre ? L’orateur la propose aux juges, mais après l’avoir résolue lui-même

(Ici M. Gueroult citait ces deux passages, tirés, le premier, du chap. xxv ; le second, des chap. xviii et xix.)

Avant de terminer cette analyse, je crois devoir mettre sous vos yeux un modèle de cette louange délicate qui honore celui qui la donne comme celui qui en est l’objet. Aquillius avait assisté en qualité de commissaire aux deux premières audiences ; le dérangement de sa santé l’obligea de se faire remplacer. Les adversaires ne manquèrent pas d’en témoigner le plus vif regret, et de faire publier qu’ils comptaient sur le suffrage de ce savant jurisconsulte, quoique cependant ils eussent dit, dans le cours