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II. Je ne veux point, Verrès, en agir avec vous à la rigueur ; je ne dirai pas, et je devrais peut-être m’en tenir à ce seul point, que l’objet de la cause étant déterminé par la loi, il faut que vous nous appreniez, non pas vos exploits militaires, mais si vos mains ont respecté l’argent qui ne vous appartenait pas. Non, je le répète, ce n’est pas ainsi que je procéderai. Seulement je vous demanderai, comme vous me paraissez le désirer, de quel genre sont vos exploits guerriers, et quelle en est l’importance ?

Direz-vous que la Sicile a été délivrée par votre courage de la guerre des fugitifs (3) ? Voilà sans doute un magnifique éloge, un beau titre de gloire. Toutefois de quelle guerre parlez-vous ? car depuis celle qui fut terminée par Man. Aquillius, nous savons qu’il n’y a eu en Sicile aucune guerre des esclaves. Mais il y en avait une en Italie. Je l’avoue, et même elle a été vive et sanglante. Est-ce de cette guerre que vous prétendez vous faire un titre de gloire ? Vous voulez donc partager l’honneur de la victoire avec M. Crassus et Cn. Pompée (4) ? Je vous crois bien assez d’impudence pour oser le prétendre. Apparemment vous avez empêché les fugitifs de passer d’Italie en Sicile ? Où ? quand ? de quel côté ? Fut-ce lorsqu’ils voulurent traverser le détroit ? Était-ce avec une flotte ou sur des vaisseaux qu’ils voulurent tenter le passage ? Pour nous, jamais nous n’en avons entendu parler. Tout ce que nous savons, c’est que le courage et la prudence de Crassus ne permirent pas aux fugitifs de rassembler des radeaux pour traverser le détroit de Messine. Aurait-il fallu prendre tant de peine pour déjouer cette tentative, si l’on avait cru la Sicile en état de les repousser ?