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procès, vous ne pouvez les alléguer en faveur de l’accusé. Plus d’une fois on l’a entendu répéter publiquement dans sa province que ce qu’il faisait, il ne se le permettait que parce qu’il comptait sur vous. Disait-il la vérité ? C’est à vous de prendre toutes vos mesures pour qu’on ne le croie pas.

LXIX. Quant à moi, je me flatte d’avoir, au jugement même de mes opiniâtres détracteurs, rempli mon devoir dans toute son étendue. Dans la première action, quelques heures m’ont suffi pour opérer la condamnation unanime de Verrès dans toutes les consciences. Il reste à prononcer, non pas sur ma loyauté, dont personne ne doute, ni sur l’existence de l’accusé, qui est proscrite, mais sur les juges, et, je dois le dire, sur vous, Hortensius ; et dans quelles circonstances (car en toutes choses, et particulièrement dans les affaires publiques, il faut toujours faire la part des circonstances) ? Dans un moment où le peuple romain demande des hommes d’une autre classe, un autre ordre de citoyens pour exercer le pouvoir judiciaire ; dans le moment où l’on vient de promulguer une loi (111) qui constitue de nouveaux tribunaux, loi qu’il faut attribuer, non pas à celui dont elle porte le nom, mais à l’accusé que vous voyez ici ; oui, je le répète, c’est lui qui, par son assurance et par l’opinion qu’il a conçue de vous, juges, est le véritable auteur de cette loi.

En effet, quand nous avons commencé l’instruction du procès, cette loi n’avait pas encore été proposée ; il n’en a pas été question tant que Verrès a paru craindre votre sévérité, et qu’on a pu croire qu’il ne répondrait pas : on l’a proposée aussitôt qu’on a vu renaître sa confiance (112) et son audace. Quoique l’estime dont vous jouissez