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choix, et ces témoins certifieront que c’est bien le même que vous avez fait jeter dans les carrières de Syracuse. Je produirai aussi les habitans de Cosa, ses compatriotes et ses amis, qui diront, trop tard pour vous, mais assez tôt pour les juges, que ce Gavius, mis en croix par vous, était un citoyen romain, un habitant de Cosa, et non point un espion des esclaves révoltés.

LXIV. Lorsque j’aurai prouvé tout ce que j’avance de manière à convaincre les amis qui sont assis près de vous, je me contenterai de votre propre aveu ; oui, votre aveu me suffira. Dernièrement, en effet, lorsque, effrayé des cris et du mouvement tumultueux de l’assemblée, vous vous élançâtes de votre siège, qu’avez-vous dit ? Que cet homme, pour retarder son supplice, avait crié plusieurs fois qu’il était citoyen romain ; mais que c’était un espion. Mes témoins sont donc véridiques ? N’est-ce pas là en effet ce que dit C. Numitorius ? n’est-ce pas là ce que disent les deux frères Marcus et Publius Cottius, citoyens distingués de Taurominium ? n’est-ce pas là ce que dit Q. Lucceius, l’un des plus riches banquiers de Rhegium ? n’est-ce pas là ce que disent tous ceux qui ont déposé ? Car les témoins que j’ai produits jusqu’ici se sont présentés pour attester, non pas qu’ils connaissaient personnellement Gavius, mais qu’ils ont vu mettre en croix un individu qui criait : Je suis citoyen romain ! Vous aussi, Verrès, vous dites la même chose ; vous avouez que cet homme cria plusieurs fois qu’il était citoyen romain, et que ce t’tre sacré qu’il invoquait, ne vous a pas paru assez important pour vous faire hésiter, pour vous faire différer d’un seul moment un si affreux, un si cruel supplice.

Juges, je me contente de cet aveu, il me suffit ; non,