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publiquement battu de verges, au gré du magistrat à qui la faveur du peuple romain avait confié les haches et les faisceaux ! Ah ! lorsqu’on lui appliquait les feux, les fers brûlans, toutes les borreurs de la torlure, si la douloureuse réclamation de cet infortuné, si sa voix lamentable n’arrêtait point votre furie, du moins les pleurs, les sanglots redoublés des Romains présens à cet affreux spectacle, ne pouvaient-ils vous émouvoir ? Oser mettre en croix un homme qui se disait citoyen romain ! Je n’ai point voulu, dans la première action, me livrer à toute mon indignation ; je ne l’ai point voulu, juges. En effet vous avez vu à quel point et la douleur, et la haine, et la crainte des mêmes horreurs, avaient soulevé toute l’assemblée. Je sus donc modérer la véhémence de mes discours ; je sus calmer également C. Numitorius, chevalier romain du premier mérite, et l’un de mes témoins ; je sus même beaucoup de gré à Glabrion d’avoir eu la sagesse de le faire promptement retirer sans l’entendre. Il appréhendait sans doute que le peuple romain ne fit lui-même justice du coupable, dans la crainte que l’intrigue ne le dérobât à la vengeance des lois et à la sévérité de votre tribunal.

Aujourd’hui, Verrès, que tout le monde sait quelle sera l’issue de la cause et quel sort vous attend, voici comment je veux procéder avec vous. Je ferai voir que ce Gavius, que vous avez transformé en espion, a été, par votre ordre, jeté dans les carrières de Syracuse. Ce ne sera pas d’abord par les registres des Syracusains que je le prouverai ; mais, pour que vous ne puissiez pas dire qu’ayant trouvé un Gavius sur ces registres, je me suis emparé de ce nom pour l’appliquer à l’individu dont je vous reproche la mort, je produirai des témoins à votre