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quence ni de celle de tout autre orateur, pour allumer dans vos cœurs une juste indignation.

Ce Gavius de Cosa dont je parle avait été, comme tant d’autres, jeté dans les carrières. Il s’en échappa, je ne sais comment, et vint à Messine ; déjà il apercevait l’Italie et les remparts de Rhegium. À cet aspect, il crut sortir des gouffres de la mort. Ranimé par l’air pur de la liberté et par la douce influence des lois, il se sentait renaître. Mais il était à Messine ; il parla, se plaignit d’avoir été incarcéré, quoique citoyen romain ; déclara qu’il allait droit à Rome, et que Verrès, à son retour, aurait de ses nouvelles.

LXII. L’infortuné ne se doutait pas que parler ainsi dans Messine ou dans le palais du préteur, c’était la même chose ; car, comme je vous l’ai dit, juges, Verrès avait fait des Mamertins les auxiliaires de ses attentats, les receleurs de ses rapines, les associés de toutes ses infamies. Aussi Gavius fut-il à l’instant conduit devant le magistrat de Messine, où le hasard voulut que Verrès arrivât le jour même. On l’instruisit de l’affaire ; on lui dit qu’un citoyen romain s’était plaint d’avoir été enfermé dans les prisons de Syracuse ; mais qu’au moment où il s’embarquait, en proférant d’horribles menaces contre le préteur, on l’avait arrêté et mis sous bonne garde, pour être statué par Verrès ce qu’il jugerait convenable.

Verrès les remercie, et donne des éloges à leur zèle, à leur bienveillance ; puis, ne respirant que le crime et la fureur, il se rend au forum. Ses yeux étincelaient, et tout son visage exprimait la cruauté (101). Chacun attendait avec anxiété à quel excès il allait se