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transfuge (96), voleur des deniers publics, s’est arrogé dans la république un pouvoir si absolu, que des hommes à qui le sénat, à qui le peuple romain, à qui tous les magistrats avaient permis de se montrer librement dans le forum, dans les comices, dans Rome, enfin dans toute l’étendue de l’empire, ont trouvé devant lui la mort, une mort cruelle, affreuse, en quelque lieu de la Sicile que le hasard les fît aborder. Cn. Pompée, le plus illustre, le plus vaillant de nos généraux, vit, après la mort de Perpenna (97), plusieurs soldats de Sertorius se réfugier sous ses étendards : quel empressement n’a-t-il pas mis à ce que tous fussent épargnés, accueillis ? à quel citoyen suppliant sa main victorieuse n’offrit-elle pas le gage et l’assurance de son salut ? Eh bien ! celui auprès duquel ils trouvaient ainsi un refuge assuré, était celui même contre lequel ils avaient porté les armes. Auprès de vous, Verrès, dont aucun monument n’atteste les services, ils n’ont trouvé que la mort et des tortures. Voyez combien vous est avantageux le plan de défense que vous avez imaginé !

LIX. J’aime mieux, oui certes j’aime mieux que le tribunal, que le peuple romain, en croient votre apologie que mon accusation ; j’aime mieux, je le répète, que l’on voie en vous le persécuteur et l’ennemi de ces hommes amnistiés, que celui des négocians et des navigateurs ; car mon accusation ne suppose de votre part que l’excès d’une monstrueuse avarice, au lieu que votre apologie décèle une espèce de rage, une frénésie atroce, une cruauté sans exemple, je dirais presque une proscription nouvelle.

Mais je ne puis profiter d’un si grand avantage ; non, juges, je ne puis en profiter. Vous voyez ici tous les habitans de Pouzzoles (98). Une foule de négocians, riches