étaient, à l’entendre, des soldats de Sertorius échappés de Dianium (91). En vain, pour se mettre à l’abri du péril, ils présentaient, ceux-ci de la pourpre de Tyr, ceux-là de l’encens, des essences, des étoffes de fin ; plusieurs des pierreries et des perles ; quelques-uns des vins grecs ou des esclaves achetés en Asie, afin que, par les objets de leur commerce, on pût juger des lieux d’où ils venaient. Ils n’avaient pas prévu que les preuves mêmes qu’ils donnaient de leur innocence seraient la cause de leur danger ; car Verrès prétendait que ces marchandises provenaient de leur association avec les pirates. En conséquence, il les envoyait aux carrières. Quant aux vaisseaux et à la cargaison, il avait bien soin de les mettre en réserve.
LVII. D’après ce monstrueux système, lorsque la prison se trouvait encombrée de commerçans, il employait le moyen que vous a signalé L. Suetius, chevalier romain des plus distingués, et tous les témoins vous l’attesteront également : il faisait décapiter ces citoyens romains dans la prison, au mépris de toutes les lois. Ils avaient beau crier : Je suis citoyen romain (92) ce cri puissant, qui pour tant d’autres fut souvent un titre d’assistance et de salut aux extrémités de la terre et parmi les nations les plus barbares, ne servait qu’à accélérer leur supplice, et à rendre leur mort plus affreuse. Ici, Verrès, que prétendez-vous me répondre ? Que j’en impose, que j’invente, que j’exagère ? Oserez-vous le dire, même par l’organe de vos défenseurs ? Greffier, lisez ce registre des Syracusains, qu’il garde si précieusement, comme une pièce rédigée au gré de ses désirs. Qu’on lise le journal de la prison, où sont consignés avec exactitude et le jour de l’entrée de chaque détenu, et celui de sa mort ou de son exécution. Registre des Syracusains.