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votre hôte, Cléomène enfin, l’atteste. Il déclare avoir pris terre à Pachynum, pour tirer des soldats de la garnison, afin de les distribuer sur ses vaisseaux, ce qu’il n’aurait pas fait sans doute si les équipages avaient été au complet ; car, lorsqu’un vaisseau est monté comme il doit l’être de rameurs et de soldats, il est impossible d’y admettre, non pas quelques hommes, mais un seul homme de plus. Je dis en outre que les marins qui restaient à bord ont manqué de tout, et que peu s’en est fallu qu’ils ne soient morts de misère et de faim. Je dis que tous les capitaines étaient innocens, ou que si quelqu’un devait être inculpé, ce devait être celui qui avait le meilleur vaisseau, le plus de matelots et le commandement en chef ; ou enfin, que si tous ont manqué à leur devoir, Cléomène n’a pas dû assister comme spectateur à la mort et aux tortures de ses complices. Je dis enfin que leur supplice, eût-il été juste, on ne pouvait sans crime lever une taxe sur les larmes, sur la douleur, sur le coup de la mort, sur les funérailles et la sépulture.

Si donc vous voulez me répondre, dites que la flotte était bien équipée et bien armée, qu’il n’y manquait pas un soldat, qu’aucun banc n’était dégarni, que les rameurs avaient des vivres en abondance, que les capitaines ont menti, que tant de communes respectables ont menti, que la Sicile entière a menti ; que Cléomène est un fourbe d’avoir déclaré être descendu au fort de Pachynum pour y prendre des troupes ; que ce n’est pas de troupes, mais de courage que les capitaines ont manqué ; qu’ils ont abandonné Cléomène au moment où ce général combattait vaillamment, et que personne n’a reçu d’argent pour la sépulture. Si c’est là ce que vous