fers ! pourquoi ? — Il avait livré la flotte. — Comment ? — Il avait abandonné l’armée. — Mais Cléomène ? — Il s’était comporté en lâche. — Et pourtant vous aviez récompensé sa valeur d’une couronne d’or ? — Il avait licencié les matelots. — Mais vous aviez reçu l’argent de tous les congés ? Un autre père, Eubulide d’Herbite, très-distingué parmi les siens par son mérite et sa naissance, eut l’imprudence, en défendant son fils, d’inculper Cléomène : peu s’en fallut qu’on ne le dépouillât de ses vêtemens pour le battre de verges. Mais enfin que dire ? comment se justifier ? — Je ne veux point qu’on parle de Cléomène. — Ma cause m’y oblige. — Tu mourras, si tu le nommes. Or, l’on sait que Verrès n’a jamais fait de petites menaces. — Mais il n’y avait pas de rameurs. — Oh ! vous accusez le préteur ! qu’on m’abatte cette tête.— S’il n’est permis de parler ni du préteur, ni de son substitut dans une affaire qui roule tout entière sur ces deux hommes, à quoi donc faut-il s’attendre ?
XLIII. Heraclius de Ségeste fut également mis en cause. Sa famille était la plus illustre de cette ville. Daignez m’écouter, juges, avec la sensibilité qui vous caractérise ; ce seul trait vous fera connaître à quelles injustices, à quelles persécutions furent exposés nos alliés. Apprenez donc qu’Heraclius fut impliqué dans le procès, quoiqu’une ophthalmie très-grave l’eût empêché de s’embarquer, quoiqu’il fût resté à Syracuse avec l’autorisation de son commandant et par congé. Celui-là, bien certainement, ne livra pas la flotte ; il n’a pas fui lâchement, il n’a pas abandonné l’armée. S’il en eût été autrement, on aurait noté son absence coupable au moment où la flotte partit de Syracuse. Il fut cependant mis en cause comme un coupable pris en flagrant délit, bien que