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parens de ces jeunes infortunés, à la première nouvelle du danger qui les menace. Ils voient leurs enfans courbés sous le poids des fers, et destinés à payer de leurs têtes l’avarice du préteur ; ils se présentent, ils les défendent, ils les justifient ; oui, Verrès, ils réclament, implorent votre justice, comme si vous possédiez, comme si vous aviez jamais connu cette vertu. Un père était devant vous, Dexion de Tyndaris, distingué par sa naissance, lui qui vous avait reçu dans sa maison, et que vous appeliez votre hôte. En voyant à vos pieds cet homme, que tous ces titres, que son malheur recommandaient à votre intérêt, ses larmes, sa vieillesse, le nom, les droits de l’hospitalité, ne purent donc rappeler un moment votre ame perverse à quelque sentiment d’humanité ? Mais pourquoi réclamer les droits de l’hospitalité ? ont-ils quelque pouvoir sur une bête féroce ? Quand on sait que, non content d’avoir pillé, sans y rien laisser, la maison de Sthenius de Thermes, son hôte, dans le temps même qu’il y logeait, Verrès suscita contre lui, en son absence, une accusation capitale, le condamna à mort sans avoir été entendu (75), peut-on demander qu’un pareil être connaisse les droits et les devoirs de l’hospitalité ? Est-ce d’un homme, d’un homme cruel que nous parlons ici, ou d’un monstre nourri de sang ? Les larmes d’un père qui vous implorait pour son fils innocent n’ont pu vous émouvoir ! Vous aviez laissé votre père à Rome, votre fils était auprès de vous, et la présence de ce fils n’a point réveillé dans votre cœur les douces émotions de la nature ! et l’éloignement de votre père n’a pas rendu plus touchans pour vous les accens de la tendresse paternelle !

Aristée, votre hôte, le fils de Dexion, était chargé de