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son ordre, chargés de fers. Ils réclament la justice du préteur (73) ; ils demandent ce qu’ils ont fait pour être ainsi traités. C’est, répond-il, pour a voir livré la flotte aux pirates. Le peuple se récrie, et s’étonne que Verrès soit assez impudent, assez audacieux, pour attribuer à autrui un désastre dont son avarice était la seule cause ; que, soupçonné lui-même d’être l’associé des brigands, il accuse les autres d’être leur complice ; enfin qu’il ne s’avise de cette accusation que quinze jours après la destruction de la flotte. Cependant tous les yeux cherchaient Cléomène, non pas que cet homme, de quelque manière qu’il se fût comporté, parût mériter qu’on le punît ; et véritablement que pouvait-il faire ? car je ne sais point accuser sans de justes raisons. Que pouvait-il faire, je le répète, avec des vaisseaux que l’avarice de Verrès avait dégarnis de leurs équipages ?. Bientôt on le voit s’asseoir à côté du préteur, et, selon son habitude, lui parler familièrement à l’oreille. Alors l’indignation devient générale, en voyant les plus honorables citoyens, investis de la confiance de leurs villes, chargés de chaînes, tandis que Cléomène, par cela même qu’il est le complice des turpitudes et des infamies du préteur, continue à vivre dans sa familiarité. Cependant on aposte, pour accuser les capitaines, Névius Turpion (74), qui, sous la préture de C. Sacerdos, avait été condamné pour ses méfaits. Ce personnage, bien digne en effet de servir l’audace de Verrès, était déjà connu comme son émissaire et son agent pour les dîmes, pour les accusations capitales, enfin pour toutes les vexations de ce genre.

XLII. On voit venir à Syracuse les pères et les proches