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SOMMAIRE.

Si Verrès s’était contenté de voler, dit un critique que nous avons cité plus d’une fois[1], il est probable que l’éloquence de Cicéron n’aurait pas transmis son nom à la postérité ; mais, convaincu qu’il n’y a que les morts qui ne disent rien, il employait le plus sur moyen de réduire au silence ceux qui pouvaient devenir ses accusateurs, et c’est de là que la dernière et la plus belle des Verrines emprunte son titre De suppliciis. »

Ce discours est le dernier de ce procès mémorable. « C’est là surtout qu’on peut admirer le mouvement, la chaleur, la rapidité, l’énergie et l’expression de

 « …… Ces haines vigoureuses
« Que doit donner le vice aux âmes généreuses[2]. »

Dans cette partie de l’accusation, Cicéron s’attache à considérer le préteur de Sicile comme ayant eu la direction de la force publique, l’autorité militaire, et il examine l’usage qu’il en a fait.

Hortensius, défenseur de l’accusé, se préparait à répondre que Verrès était un excellent général, un nouveau Man. Aquillius, le vainqueur des esclaves de la Sicile, et qu’il fallait absoudre son client en faveur de ses services militaires. Dans son début, qui n’est qu’une ironie prolongée, Cicéron détruit, pour ainsi dire, en se jouant, ce plan de défense si ridicule et si peu vraisemblable, qu’on pourrait peut-être supposer que c’était de sa part une pure supposition pour faire rire aux dépens de ses adversaires. Quoi qu’il en soit, Cicéron prouve que Verrès n’a montré ni courage, ni talent, ni loyauté, ni prévoyance dans sa conduite militaire en Sicile, et qu’il a compromis la sûreté intérieure et extérieure de cette province. Son infâme avarice a fait triompher les pirates ; et, pour donner le

  1. Dussault, Annales littéraires, t. III, p. 48.
  2. Cette heureuse citation de Molière est tirée d’une leçon faite sur ce discours, au collège de France, par notre traducteur (second trimestre de 1815).