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Syracusain d’habiter la partie de cette cité qu’on appelle l’île. Aujourd’hui encore nul Syracusain ne peut habiter ce quartier. Comme c’est un poste où une poignée de soldats pourrait se maintenir, le vainqueur ne voulut point y laisser des hommes dont la fidélité ne fût pas à toute épreuve. D’ailleurs, c’est de ce côté qu’abordent les vaisseaux ; et il ne crut pas devoir confier cette barrière importante à ceux qui si long-temps l’avaient tenue fermée à nos légions.

Voyez, Verrès, quelle différence entre vos caprices et la prudence de nos ancêtres, entre votre extravagance, votre emportement et les précautions de leur sagesse : ils interdirent aux Syracusains l’accès même du rivage ; vous leur avez livré l’empire de la mer : ils ne voulurent point qu’aucun Syracusain habitât un lieu où des vaisseaux pouvaient aborder ; vous avez voulu que nos vaisseaux, que dis-je ? notre flotte fût sous les ordres d’un Syracusain. Ceux que nos pères avaient exclus d’une partie de leur ville, ont reçu de vous une partie de notre empire ; et les alliés qui s’étaient réunis avec nous pour ranger les Syracusains sous nos lois, ont été forcés par vous de se ranger sous les lois des Syracusains.

xx XXXIII. Déjà Cléomène a quitté le port, monté sur la galère de Centorbe, à quatre rangs de rames. À sa suite venaient le vaisseau de Ségeste, puis celui deTyhdaris, d’Herbite, d’Héraclée, d’Apollonie, d’Haluntium : flotte magnifique en apparence, mais faible en réalité ; les congés, comme nous l’avons dit, l’avaient dégarnie de combattans et de rameurs. L’infatigable préteur eut le plaisir de la voir voguer sous ses yeux et sous ses ordres aussi long-temps qu’elle en mit à côtoyer le théâtre infâme