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duré votre préture. Dans quel dessein ? par quel motif ? d’après quel exemple ? pourquoi si long-temps ? Pourquoi, je le répète, des citoyens romains, prisonniers des pirates, ont-ils eu sur-le-champ la tête tranchée, tandis que vous avez laissé si long-temps des pirates jouir de l’existence ?

Mais, je le veux, vous fûtes libre d’agir ainsi tant qu’a duré votre préture ; mais aujourd’hui, rentré dans la vie privée, accusé et presque condamné, avez-vous encore le droit de retenir chez vous, dans une maison particulière, ces chefs de pirates ? Ce n’est ni un mois, ni deux mois, mais une année ou peu s’en faut, que, depuis le moment de leur capture, ils ont habité votre maison. Ils y seraient encore sans moi, je veux dire sans Man. Acilius Glabrion (58), qui, sur ma requête, a ordonné qu’ils fussent représentés et déposés dans la prison publique.

xx XXX. Quelle loi, quel usage, quel exemple, autorisaient votre conduite ? Un simple particulier, le premier venu, aura donc le privilège de receler dans sa maison l’ennemi le plus acharné du peuple romain, ou plutôt l’ennemi commun de tous les pays, de toutes les nations ?

Eh quoi ! si la veille du jour où je vous forçai d’avouer qu’après avoir fait exécuter des citoyens romains, vous laissiez vivre un chef de pirates, et qu’il habitait votre demeure ; si, dis-je, la veille de ce jour cet homme s’était évadé, et qu’il eût pu ramasser contre le peuple romain une troupe de brigands, qu’auriez-vous à nous dire ? — Il demeurait chez moi, je mettais tous mes soins à le conserver sain et sauf pour le moment de mon procès, afin que sa présence me servît a confondre plus sûrement mes accusateurs. — Ainsi donc, répondrais-je, c’est aux