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grain qui se trouvait dans les greniers de l’accusé fut saisi. Ainsi le décimateur Apronius enleva non pas la dîme qui lui était due, non pas les grains qu’il prétendait lui avoir été soustraits, mais sept mille médimnes, montant de la récolte de Nymphon, et cela aux termes de l’édit, et non pas en vertu des conditions de son bail.

XXII. Xénon est un des habitans les plus distingués de Mena : un domaine qui appartenait à sa femme avait été donné à ferme. Le fermier, hors d’état de supporter les vexations des décimateurs, avait abandonné son champ. Verrès donnait action contre Xénon, pour déclaration fausse du nombre d’arpens mis en valeur. Xénon prétendait que l’affaire ne le regardait pas. Le domaine avait été affermé, disait-il. Le préteur persistait à prononcer que, s’il était prouvé que le domaine contenait plus d’arpens que le locataire n’en avait déclaré, Xénon encourrait la condamnation. Celui-ci ajoutait : « Ce n’est pas moi qui ai fait valoir cette terre (raison qui devait suffire pour le faire absoudre) ; et d’ailleurs, je ne suis point le propriétaire de ce fonds, je ne l’ai point donné à bail ; il appartient à ma femme, qui, gérant elle-même ses affaires, a fait cette location. » Xénon était défendu par un orateur du plus grand mérite et du plus grand poids, M. Cossetius. Le préteur déclara néanmoins que l’amende serait de quatre-vingt mille sesterces. Xénon, tout sûr qu’il était d’avoir des commissaires tirés d’une cohorte de brigands, consentit cependant à être jugé. Alors Verrès, élevant la voix assez haut pour que Xénon l’entendît, donna ordre aux esclaves de Vénus de garder à vue cet homme pendant son jugement, et de le lui amener après la sentence. En même temps il ajouta qu’il pensait bien que, si cet homme était assez riche pour ne pas