Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

votre profit que vous n’en avez envoyé à Rome ? Que peut avoir de populaire votre conduite, si dans une province du peuple romain vous avez autant gardé pour vous que versé dans le trésor public ? Mais si je démontre que vous vous êtes approprié deux fois plus de grains que vous n’en avez envoyé au peuple romain, verrons-nous votre défenseur balancer gracieusement sa tête et promener en souriant ses yeux autour de l’assemblée ? Tous ces faits vous étaient connus, juges ; mais peut-être n’en aviez-vous été instruits que par la voix publique : je vais les prouver. Apprenez quelles sommes incalculables il a extorquées sous prétexte d’approvisionnemens, afin que vous puissiez en même temps apprécier toute la criminalité du propos de cet homme qui prétendait que le bénéfice seul qu’il avait fait sur la dîme lui suffirait pour se racheter de toutes les attaques qu’on pourrait lui porter.

XX. Nous avons entendu dire depuis long-temps, et je suis certain, juges, qu’il n’y a personne de vous qui n’ait souvent ouï répéter que les fermiers de la dîme étaient les associés de Verrès ; je ne crois pas que les personnes qui ont de lui la plus mauvaise idée aient jamais avancé rien de plus faux contre lui : ceux-là seuls doivent être regardés comme associés qui partagent entre eux les bénéfices. Or, je soutiens que tous les profits, que toutes les récoltes des laboureurs, ont été pour lui seul ; je soutiens qu’Apronius et les esclaves de Vénus, si singulièrement métamorphosés en publicains pendant sa préture, ainsi que les autres décimateurs, n’ont été que les agens de ses profits et les ministres de ses rapines. — Comment le prouverez-vous ? — Comme j’ai prouvé qu’il avait volé dans l’adjudication des colonnes en réparation, c’est-à-dire par cela surtout qu’il avait porté un