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pas suivre les traces encore récentes de son prédécesseur ? ne pouvait-il pas profiter de vos admirables découvertes, et faire exécuter vos ingénieux édits ? Mais il aurait craint de déroger au nom de Metellus, s’il vous eût imité en la moindre chose. Avant de quitter Rome, il fit ce que de mémoire d’homme jamais on n’avait encore vu : oui, quand il fut sur son départ pour sa province, il écrivit une circulaire à toutes les communes de la Sicile, afin de les exhorter à labourer et à ensemencer les terres qu’ils tiennent des bienfaits du peuple romain. Il leur fit cette prière un peu avant son arrivée, et les assura en même temps qu’il se conformerait dans les baux à la loi d’Hiéron, c’est-à-dire qu’il ne ferait pour la dîme rien de ce qu’avait fait son prédécesseur. Ce ne fut point l’amour du pouvoir qui lui dicta cette lettre, adressée avant le temps à une province qu’un autre gouvernait encore : c’était prudence ; car il paraît que, s’il eût laissé passer le temps des semailles, nous n’aurions pu tirer de la Sicile un grain de blé. Il est bon que vous connaissiez cette lettre de Metellus ; greffier, faites-en lecture : Lettre De Metellus.

XVIII. C’est à cette lettre que vous venez d’entendre que l’on doit tout ce que la Sicile a semé de grains cette année. Personne n’aurait tracé un sillon dans les champs domaniaux, si Metellus n’eût écrit cette lettre. Mais quoi! cette idée lui fut-elle inspirée par le ciel ? ou bien avait-il été informé de l’état des choses par la multitude de Siciliens et de négocians de la Sicile qui se trouvaient à Rome, et qui, comme on le sait, se réunissaient ordinairement en si grand nombre, et chez les Marcellus, les plus anciens protecteurs de la Sicile, et chez Cn. Pompée, consul désigné, et chez tous ceux que des liaisons respectables attachent à cette province ? Quel préjugé