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Encore une fois demeurez content de cette apologie des Mamertins. Quant à Syracuse, nous voyons que les sentimens de cette ville pour vous répondent aux égards que vous avez eus pour elle, puisqu’elle n’a pas hésité à abolir ces honteuses Verrea instituées sous votre nom. Convenait-il en effet d’associer au culte des dieux celui qui avait enlevé leurs statues ? On serait assurément trop bien fondé à blâmer les Syracusains si, après avoir retranché de leurs fastes la fête la plus auguste et des jeux solennels en mémoire du jour où Marcellus était entré dans leur ville, ils célébraient aussi une fête en l’honneur de Verrès, c’est-à-dire de l’homme qui leur a ravi tout ce que leur avait laissé cette journée désastreuse ? Mais remarquez, juges, l’impudente et folle présomption du personnage. Non content d’avoir employé l’argent d’Heraclius à l’institution de ces Verrea si honteuses et si ridicules, il prononça l’abolition des jeux consacrés à Marcellus. C’était vouloir que les Syracusains offrissent chaque année des sacrifices en l’honneur de celui qui venait de leur ravir leur culte antique et les dieux de leurs pères, et qu’en même temps ils supprimassent les fêtes en l’honneur d’une famille par qui toutes leurs autres fêtes leur avaient été rendues.