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questeur de Verrès, Césetius (98). Ô démarche ridicule ! Mais voyez aussi dans quel abandon, dans quelle position désespérée se trouve Verrès, ainsi délaissé par les magistrats siciliens. Pour empêcher des Siciliens de rendre contre lui un sénatus-consulte, et d’user du privilège de statuer selon leurs lois et leurs usages, il ne trouve pas un ami, pas un hôte, pas un Sicilien ; et c’est son questeur qui en appelle au préteur. Qui jamais a rien vu, rien entendu de semblable ? Le préteur, en homme équitable et sage, ordonne au sénat de lever la séance. De toutes parts on accourt auprès de moi ; d’abord les sénateurs s’écrient qu’on leur ravit leurs droits et leur liberté. Le peuple comble le sénat d’éloges et de remercîmens ; les citoyens romains ne veulent point me quitter. Ma plus grande affaire, ce jour-là, fut d’empêcher la multitude de se jeter sur l’appelant. Nous nous présentons devant le tribunal du préteur, que sans doute on n’accusera point de prononcer légèrement et sans réflexion ses arrêts ; car, avant que j’eusse dit un mot, il se leva de son siège, et disparut. Il était presque nuit lorsque nous quittâmes le forum.

xx LXVI. Le lendemain matin, je requiers le préteur d’autoriser les Syracusains à me remettre le sénatus-consulte qu’ils avaient rendu la veille. Il refuse, et me dit que j’ai commis une action indigne en prenant la parole dans un sénat grec ; et que surtout avoir parlé grec à des Grecs (99) est un crime impardonnable. Je répondis à l’homme comme je pus, comme je voulus, comme je devais. Entre autres choses, je lui dis, s’il m’en souvient, que, par un contraste bien remarquable entre lui et le vainqueur des Numides, le grand, le véritable Metellus, qui ne