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juges, qu’il a fait périr sous la hache les hommes les plus nobles et les plus vertueux : Qu’il a gouverné la province avec vigilance ; lui, dont toutes les veilles ont été consacrées à la débauche et à l’adultère. Vient encore un autre article, conçu de manière à ce que l’accusé ne puisse le mettre en avant, et dont l’accusateur ne saurait trop se prévaloir : Considérant que Verrès a empêché les pirates de s’approcher de la Sicile ; or l’on sait qu’il les a laissé pénétrer jusque par-delà l’île de Syracuse. Après que j’eus recueilli tous ces renseignemens de la bouche même des sénateurs, nous sortîmes de l’assemblée, mon parent et moi, pour ne point les gêner par notre présence, en cas qu’ils eussent à rendre quelque décret.

xx LXV. Deux décrets sont en effet rendus sur-le-champ. Par le premier, Lucius, mon parent, est proclamé l’hôte des Syracusains, en reconnaissance de ce qu’il leur avait montré les mêmes sentimens que je leur avais toujours témoignés. Non-seulement cette décision fut consignée sur leurs registres, mais ils nous en remirent une copie gravée sur l’airain. Il faut en convenir, Verrès, vos Syracusains, dont vous parlez sans cesse, ont pour vous une bien vive tendresse ; eux qui, pour former avec votre accusateur une étroite liaison, ne trouvent pas de motif plus légitime que son titre d’accusateur et ses informations contre vous. Par le second décret, rendu sans dicussion et presqu’à l’unanimité, on prononça la radiation du décret portant l’éloge de C. Verrès.

L’assemblée allait se séparer, et même cette décision était déjà transcrite sur les registres, lorsque l’on en appela au préteur. — Mais qui forma cet appel ? Un magistrat ? — Non. — Un sénateur ? — Pas davantage. — Un Syracusain ? — Point du tout. — Qui donc ? — Un ancien