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teurs ? Et la statue d’Aristée, consacrée dans le temple de Bacchus, n’a-t-elle pas été par votre ordre publiquement emportée ? Et ce magnifique et vénérable simulacre de Jupiter Imperator, que les Grecs appellent Ourios (88), ne l’avez-vous pas été ravir dans son sanctuaire ? Et cette admirable tête en marbre de Paros, qu’on allait voir en foule dans le temple de Proserpine, avez-vous hésité à la prendre ? Et cependant cet Apollon était, avec Esculape, honoré, chaque année, chez les Syracusains, par des sacrifices solennels ; cet Aristée, à qui les Grecs attribuent l’invention de l’huile (89), était adoré dans le même temple que Bacchus, père de la Joie.

xx LVIII. Quant à Jupiter Imperator, avec quelle vénération pensez-vous qu’il était adoré dans son temple ? Vous pouvez, juges, vous en faire une idée, si vous voulez bien vous rappeler quel tribut d’adoration reçut une statue de la même forme et de la même espèce, que Flamininus emporta de la Macédoine, et qu’il plaça dans le Capitole. Dans le monde entier, on connaissait trois statues de Jupiter Imperator, toutes trois dans le même genre et d’une égale beauté. L’une est celle de Macédoine, que nous voyons ici, la seconde est à l’entrée du Pont-Euxin, et la troisième était à Syracuse avant la préture de Verrès. Si Flamininus enleva la première de son temple, ce fut pour la placer dans le Capitole, c’est-à-dire dans la demeure terrestre de Jupiter. A l’égard de celle qui est à l’entrée du Pont-Euxin, quoique tant de flottes armées en guerre soient sorties de ces parages, ou bien y aient pénétré, cette statue, toujours respectée, s’y est conservée jusqu’à nos jours sans recevoir aucune atteinte. Mais celle de Syracuse, que M. Marcellus, vainqueur et armé, vit sans y toucher, qu’il crut devoir céder