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quis. Verrès, qui n’a point comme Marcellus fait de vœu à l’Honneur ni à la Vertu, mais à Vénus et à Cupidon, a mis au pillage le temple de Minerve. Le premier s’était fait scrupule de doter des dieux avec les dépouilles d’autres dieux ; le second a transporté les ornemens de la chaste Minerve dans une maison de débauche. Il a, de plus, enlevé du même temple vingt-sept tableaux d’une rare beauté, parmi lesquels se trouvaient les portraits des rois et des tyrans de la Sicile, qui ne charmaient pas moins les yeux par le mérite de la peinture, que par la ressemblance des personnages dont ils rappelaient les traits et le souvenir. Voyez combien ce tyran a été pour les Syracusains plus exécrable qu’aucun des tyrans qui l’avaient précédé ! Ceux-ci, du moins, se plurent à décorer les temples des dieux immortels ; mais lui n’a pas craint d’enlever les images des dieux et les ornemens de leurs temples.

xx LVI. Et les portes de ce même temple de Minerve, faut-il vous en parler ? Je crains que ceux qui ne les ont pas vues ne me soupçonnent d’en exagérer la beauté. Cependant je ne suis pas homme à m’exposer, en parlant avec passion, à ce que nombre de citoyens du premier rang, et même plusieurs de nos juges, qui ont fait le voyage de Syracuse et vu ces portes, puissent me convaincre d’inexactitude et de mensonge. Je puis affirmer en toute vérité, juges, que jamais il n’y a eu dans aucun temple de portes plus magnifiques et plus artistement incrustées d’or et d’ivoire. On ne saurait croire combien d’auteurs grecs en ont décrit la beauté. Peut-être y a-t-il de l’excès dans leur admiration et dans leurs éloges ; j’en conviens ; mais enfin il est plus honorable pour notre république qu’un de nos généraux ait,