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XLIV. Cet exemple de vigueur, donné par les Agrigentins, fut, peu de temps après, imité par les habitans d’Assore, nos braves et fidèles alliés, mais dont la ville n’est pas, à beaucoup près, aussi grande ni aussi célèbre qu’Agrigente. Le fleuve Chrysas traverse leur territoire ; ils en ont fait un dieu ; c’est même le principal objet de leur culte. Son temple (73) est dans un champ qui borde le grand chemin d’Assore à Enna. Sa statue, en marbre, est un vrai chef-d’œuvre. Verrès l’aurait bien demandée aux habitans d’Assore ; mais, connaissant leur extrême dévotion, il n’osa ; et Tlépolème avec lliéron furent par lui chargés de l’entreprise. Ils arrivent au milieu de la nuit avec une escorte bien armée. Les portes sont enfoncées. Heureusement les gardiens et les officiers du temple s’en aperçoivent à temps : le signal connu de tous les environs est donné par eux. Au bruit de la trompette, on accourt de toutes les campagnes ; Tlépolème est chassé, mis en fuite ; et de cette tentative sur le temple de Chrysas, une figure de bronze fort petite fut le seul objet qu’on eut à regretter.

La mère des dieux a un temple dans la ville d’Enguinum. Ici, juges, je me vois forcé, non-seulement de passer rapidement sur chaque fait, mais d’en omettre un grand nombre, pour en venir à des vols de la même espèce plus importans et plus dignes d’un tel scélérat. Dans le temple dont je parle, des cuirasses, des casques d’airain fabriqués à Corinthe, de grandes urnes ciselées dans le même goût et avec la même perfection, avaient été placés par P. Scipion, ce modèle de toutes les vertus ; il y avait aussi fait graver son nom. Qu’est-il besoin de répéter les mêmes détails et les mêmes plaintes ? Sachez, juges, que Verrès a tout enlevé. Non, ce temple si respecté ne présente plus rien que les traces de son sacrilège