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tels ? Quoi ! dans un temps de paix, chez un peuple ami, vous n’avez pas respecté cette Diane qui, successivement témoin de la prise et de l’embrasement des deux villes où elle était placée, deux fois échappa aux flammes et au fer ennemi, qui, transférée loin de son temple par la victoire des Carthaginois, n’avait rien perdu de ses pieux honneurs ; et qui, par la valeur de l’Africain, avait recouvré tout à la fois et son sanctuaire et ses premiers adorateurs. Cependant le crime était consommé et le piédestal restait vide. Mais le nom de l’Africain y était encore gravé. On était indigné, révolté non-seulement de cette profanation des choses saintes, mais de voir que, sans respect pour la gloire de Scipion l’Africain, un C. Verrès eût fait disparaître le monument des exploits de ce grand homme et les trophées de ses victoires. Averti des réflexions que faisaient naître ce piédestal et l’inscription, il se flatta que tout serait oublié s’il faisait disparaître aussi ce piédestal qui attestait son crime. Des entrepreneurs se chargèrent donc de la démolition pour un prix déterminé. Les registres de la ville vous ont été mis sous les yeux lors de la première action ; et vous y avez vu ce que cette opération avait coûté aux Ségestains.

xx XXXVI. C’est à vous, P. Scipion (66), oui, à vous qui tenez un rang si distingué parmi nos jeunes concitoyens, que s’adresse ici ma voix. Je vous requiers, je vous adjure de remplir le devoir que vous imposent votre naissance et votre nom. Pourquoi cet homme qui a porté l’atteinte la plus directe aux titres glorieux de votre famille, trouve-t-il en vous un appui ? Pourquoi voulez-vous prendre sa défense ? Pourquoi faut-il que, moi, j’accomplisse le devoir qui vous était réservé, et