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pandre l’assemblage des plus riches pierreries ; le travail en était d’ailleurs si varié et si délicat que l’art semblait le disputer à la matière ; enfin les proportions de ce chef-d’œuvre annonçaient clairement qu’il avait été fait, non pour décorer la demeure d’un mortel, mais pour orner le temple le plus auguste de l’univers. Quand les officiers jugèrent que le préteur l’avait suffisamment considéré, ils se disposèrent à le remporter. Verrès leur dit qu’il voulait l’examiner encore, que sa curiosité n’était nullement satisfaite, qu’ils n’avaient qu’à se retirer et à lui laisser le candélabre. Ils obéirent, et revinrent les mains vides retrouver Antiochus.

XXIX. Le prince n’eut d’abord aucune inquiétude, aucune méfiance. Un jour se passe, puis un second, puis un troisième, et d’autres encore, le candélabre ne revient pas. Il fait prier Verrès de vouloir bien le rendre. Celui-ci remet au lendemain. Le prince commence à s’étonner ; nouveau message de sa part ; point de candélabre. Lui-même va trouver Verrès et redemander le dépôt qu’il lui a confié. Admirez, juges, le front du personnage, et son insigne impudence. Verrès savait, et le roi lui-même lui avait dit que ce candélabre devait être placé dans le Capitole ; il savait que l’hommage en était réservé au souverain des dieux et au peuple romain, et il n’en conjure, il n’en presse pas moins vivement Antiochus de le lui donner. Le prince répondit que son respect pour Jupiter Capitolin, et son propre honneur, ne lui permettaient pas de disposer d’un ouvrage dont plusieurs peuples connaissaient déjà la destination. Verrès alors commence à le menacer durement. Voyant que ses menaces ne réussissent pas mieux que ses prières, il lui ordonne de sortir de sa province avant la nuit, préten-