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eu vaisselle d’argent ; et il était bien pourvu : car il n’avait point fait encore fabriquer sa vaisselle d’or. Rien n’avait été négligé pour que le banquet fût somptueux et délicat. Aussi le roi se retira-t-il doublement enchanté de la magnificence de son convive et de l’honorable accueil qu’il en avait reçu. Il invite à son tour le préteur et déploie comme lui toute son opulence. Au milieu d’une superbe argenterie brillaient plusieurs coupes d’or enrichies des plus beaux diamans, tels qu’en ont ordinairement les rois et surtout les monarques syriens. On distinguait, parmi ces vases, une amphore d’une seule pierre avec une anse d’or. Q. Memmius vous en a parlé dans sa déposition : c’est, je crois, un témoin assez compétent et assez digne de foi.

Verrès prend chaque pièce dans ses mains, il loue, il admire. Le roi se félicite qu’un préteur du peuple romain ne soit pas mécontent de son repas. On se retire. Que fait notre homme ? Une seule pensée l’occupe, et l’événement l’a prouvé. Comment pourra-t-il faire sortir de la province le prince entièrement pillé et dépouillé ? Il le fait prier de lui envoyer sa vaisselle, qui, dit-il, lui a paru admirable, et qu’il veut faire voir à ses ciseleurs, le roi, qui ne connaissait pas l’homme, livre tout sans aucune défiance, et même avec plaisir. Verrès lui fait ensuite demander la pierre creusée en forme d’amphore : il veut, dit-il, la considérer à loisir. L’amphore aussi lui est envoyée.

XXVIII. Ce n’est pas tout, juges ; redoublez, je vous prie, d’attention. Le fait que je vais rapporter ne vous est point inconnu ; ce n’est pas la première fois que le peuple romain en aura entendu parler ; les étrangers mêmes ne l’ignorent point ; le bruit s’en est répandu jus-