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comprirent encore mieux l’impossibilité d’avoir une maison assez close, un garde-meuble assez bien fermé, pour que son industrieuse convoitise ne sût l’ouvrir, ne pût y pénétrer. Ce fut alors que Cn. Calidius, chevalier romain non moins opulent que considéré, dont Verrès n’ignorait pas que le fils était à Rome sénateur et juge, se vit enlever par lui de petits chevaux en argent, ouvrage très-renommé et du plus grand prix. Dans quelle méprise je viens de tomber, juges ! c’est un achat, et non pas un vol. Je n’aurais pas dû parler ainsi ; et sur ces petits chevaux, nous l'allons voir se pavaner tout à son aise. Je les ai achetés, je les ai payés, dit-il. Je crois même qu’on produira les registres. — La chose en vaut la peine. Montrez- nous-les donc, vos registres, qu’au moins ils vous justifient sur ce chef d’accusation relatif à Calidius. Mais, si vous les avez achetés, quel motif avait Calidius d’aller se plaindre à Rome ? pourquoi disait-il que, depuis tant d’années qu’il faisait le négoce dans la Sicile, seul vous l’aviez assez peu respecté, assez méprisé, pour le dépouiller comme le dernier des Siciliens ? Pourquoi, s’il vous les avait vendus de plein gré, allait-il dire à tout le monde qu’il revendiquerait contre vous ses vases ? Et vous, comment vous êtes-vous dispensé de les rendre, puisque Cn. Calidius était intimement lié avec L. Sisenna, l’un de vos défenseurs, et que vous avez fait restitution à tous les autres amis de Sisenna ?

Vous ne nierez pas, je pense, qu’un citoyen respectable sans doute, mais qui ne l’emporte pas en considération sur Calidius, L. Cordius, a recouvré, par les mains de Potamon, votre ami, son argenterie, dont vous vous étiez emparé. Il est vrai que ce Cordius vous a rendu plus difficile à l’égard des autres ; car, bien que