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Au surplus, je consens que cet éloge vous soit compté (20). Ayez pour vous le suffrage protecteur d’une ville à qui l’honneur défendrait de venir à votre aide, si elle le pouvait, et qui ne le pourrait pas, quand même elle le voudrait ; de ces Mamertins, dont un si grand nombre ont personnellement essuyé de votre part tant d’injustices et d’outrages, qui voient dans leurs murs tant de familles à jamais déshonorées par vos débauches et par vos adultères. Vous avez, dites-vous, rendu des services à leur cité. Oui, mais au détriment de la république et du reste de la province. Les Mamertins étaient tenus de vendre au peuple romain soixante mille boisseaux de froment, et ils l’avaient toujours fait. Seul vous les avez déchargés de cette redevance. Par là, la république s’est trouvée lésée ; car c’était une atteinte portée à ses droits de souveraineté sur une ville ; par là, les Siciliens ont souffert un dommage, puisque cette fourniture de grains n’a pas été retranchée du total dont ils sont redevables, mais déversée sur deux villes franches, Halèse et Centorbe, que vous avez ainsi, Verrès, taxées l’une et l’autre au delà de leurs moyens. Vous deviez exiger des Mamertins un vaisseau, suivant leur traité fait avec nous : vous les avez exemptés de cette redevance durant les trois années de votre magistrature. Pendant tout ce temps-là, vous ne leur avez pas non plus demandé un soldat. Vous avez fait comme les pirates : ennemis communs de toutes les nations, ils ne laissent pas cependant de se choisir quelques amis qu’ils épargnent, qu’ils enrichissent même d’une partie de leur butin, donnant la préférence aux places dont la situation favorise leurs desseins, et où leurs vaisseaux sont souvent dans le cas et même dans la nécessité de relâcher.