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cherie est plus justiciable de l’opinion que des tribunaux ; celui qui la commet doit passer dans notre esprit pour un homme cupide : mais il ne nous serait pas facile d’y trouver le sujet d’une accusation contre lui ; car il est, selon moi, convenable que nos magistrats aient la liberté de recevoir leur grain là où ils veulent. Voilà peut-être ce qu’ont fait beaucoup d’entre eux ; mais, tout nombreux qu’ils soient, ceux qui, par nous-mêmes ou par tradition, nous sont connus comme les plus intègres, n’ont pas suivi cet exemple.

xx LXXXIII. Je vous le demande maintenant, Hortensius, à laquelle de ces deux sortes de magistrats allez-vous comparer Verrès ? Sans doute à ceux qui, par un sentiment de bienveillance, ont accordé aux villes, comme une faveur, comme un bienfait, la faculté de donner des espèces au lieu de blé. Oui, je le crois volontiers, les laboureurs ont demandé à Verrès qu’attendu qu’ils ne pouvaient vendre leur blé trois sesterces le boisseau, il leur fût permis de donner trois deniers pour chaque boisseau. Mais, comme vous n’oserez pas faire cette réponse absurde, serez-vous réduit à alléguer que, vu la difficulté du transport, les laboureurs préférerent payer ces trois deniers ? Mais de quel transport s’agissait-il ? de quel lieu, et à quelle destination devait être conduit le blé ? Ce n’était pas sans doute de Philomelium à Ephèse (77) ? Je vois une différence dans le prix du grain entre ces deux marchés ; j’y vois un transport de plusieurs jours ; je vois que les Philoméliens, quel que soit le prix du blé à Ephèse, trouvent leur avantage à payer en Phrygie de l’argent pour du blé, plutôt que de le transporter à Ephèse, ou d’envoyer dans cette ville du numéraire ou des agens pour y acheter du grain. Mais rien de tel