Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aucun espoir de salut, si les fermiers de l’état, c’est-à-dire si les chevaliers romains étaient appelés à juger. Il doit conserver encore moins d’espoir, puisque c’est vous, juges, qui allez prononcer ; oui, d’autant moins que l’honneur vous fait un devoir plus sacré de punir les torts faits à autrui, que ceux qui nous sont personnels. Que vous proposez-vous de répondre, Verrès ? Nierez-vous le fait ? ou prétendrez-vous le justifier ? Le nier, la chose vous est-elle possible ? Tant de lettres, tant de fermiers qui témoignent contre vous, ne vous confondront-ils pas ? Vous justifier ? Eh ! comment y parviendrez-vous ? Quand je démontrerais que c’est votre argent, et non celui du peuple romain, que vous avez placé à intérêt dans votre province, vous ne pourriez échapper : mais des deniers publics, mais une somme destinée à l’achat des grains, un argent dont vous avez pris l’intérêt chez nos fermiers, à qui persuaderez-vous que cela pût vous être permis ? Jamais d’autres, jamais vous-même n’avez rien fait de plus audacieux, de plus révoltant. Non, j’en ferais serment, un délit que tout le monde regarde comme sans exemple, et dont je vais tout à l’heure vous entretenir, non, juges, je ne saurais dire s’il ne dénote pas encore plus d’audace et plus d’impudence que l’action de n’avoir absolument rien payé à un grand nombre de villes pour leur blé. Le vol est plus considérable peut-être ; mais, certes, il n’est pas plus effronté. Je me suis assez étendu sur cet acte usuraire ; vous allez maintenant apprendre quelles sommes lui ont valu tous ces détournemens de fonds.

xx LXXIII. La Sicile compte beaucoup de villes illustres et florissantes : de ce nombre est surtout Halèse. Vous ne trouveriez pas de cité plus fidèle à ses obligations, plus