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un jour exister entre lui et moi. Car, si je persiste à mener une vie irréprochable, si je suis toujours semblable à moi-même, que m’importera son ressentiment ? Mais, si je venais à ressembler à Verrès en quelque chose, je ne manquerais pas plus d’ennemis qu’il n’en a manqué à Verrès : car notre république doit être assez bien constituée (et elle le sera avec des tribunaux sévères), pour qu’il n’y ait point de coupable qui ne trouve un ennemi, point d’innocent auquel un ennemi puisse nuire. Je n’ai donc aucune raison de ne pas vouloir que le jeune homme sorte pur et sans tache des vices et des désordres où se plonge son père ; et, bien que la chose soit difficile, je ne dirai point qu’elle soit impossible, surtout si les surveillans que des amis ont placés auprès de lui ne le perdent pas de vue, puisque le père est si insouciant, et s’inquiète si peu de son fils. Mais cette digression m’a fait perdre de vue la lettre de Timarchide, beaucoup plus long-temps que je ne voulais. J’avais promis que la lecture de cette pièce terminerait l’article des dîmes. Vous avez la preuve qu’une quantité incalculable a été pendant trois ans soustraite à la république et enlevée aux laboureurs.

LXX. Il me reste à parler, juges, du blé acheté, c’est-à-dire des vols les plus impudens et les plus audacieux de Verrès. Je citerai peu de faits, mais importans, incontestables. Je serai court, prêtez-moi votre attention.

Verrès devait acheter des blés en Sicile en vertu d’un sénatus-consulte et des lois Terentia et Cassia (58) concernant les grains. L’objet de ces achats est de deux espèces : la première consiste en une seconde dîme ; la seconde, en une certaine quantité de blé fourni dans une proportion égale par toutes les communes. La quantité de blé pour la seconde dîme se règle sur celle de la première ; l’autre