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de défense, à ce rempart derrière lequel vous avez toujours prétendu couvrir tous vos larcins, tous vos brigandages : J’ai vendu cher les dîmes, je me suis occupé des besoins du peuple romain, j’ai voulu assurer sa subsistance. Comment tenir ce langage, lorsqu’on ne peut nier que l’on a vendu la dîme d’un canton trente mille boisseaux de moins qu’on n’aurait pu l’adjuger ? Ainsi, quand je vous accorderais que, si Minucius n’a point obtenu de vous l’adjudication, c’est que vous l’aviez déjà adjugée à Apronius (et c’est, dit-on, ce que vous ne cessez de répéter, et pour moi, j’attends, je désire, je souhaite que vous mettiez en avant ce système de défense) ; mais, quand cela serait, vous ne pourriez vous faire un mérite d’avoir vendu cher les dîmes, lorsque vous avouez qu’il s’est présenté des acquéreurs qui voulaient en donner beaucoup plus.

LXV. Voilà donc prouvées, juges, voilà prouvées jusqu’à l’évidence, l’avarice, la cupidité de l’homme, et sa scélératesse, et sa perversité, et son audace ! Et, si je dis que ses amis et ses défenseurs l’ont jugé comme moi, que demanderez-vous de plus ? À l’arrivée de L. Metellus, son successeur dans la préture, Verrès avait eu soin d’user de sa recette universelle pour se faire autant d’amis que ce magistrat avait de suivans. Mais on s’adressa directement à Metellus. Apronius fut mandé à son tribunal. Il était cité par un personnage de la première distinction, le sénateur C. Gallius, qui requit Metellus de donner, en conformité de son édit, action contre Apronius, comme ayant employé la violence et la menace pour s’approprier le bien d’autrui : formule que Metellus avait empruntée d’Octavius (57), et qu’il avait employée à Rome, comme il l’employait alors dans sa province. Gallius éprouva un refus : le préteur lui dit qu’il ne voulait point rendre un ju-