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n'était pas pour votre compte que tout cela se faisait, Verrès, ne vous auraient-ils pas demandé à vous-même de ne payer qu’une dîme, au lieu de solliciter d’Apronius qu’il voulût bien qu’on ne lui en payât pas plus de trois ? Je passe sous silence maintenant tous les actes d’un despotisme royal ou plutôt tyrannique qu’a commis Apronius envers les laboureurs. Je ne nommerai point ceux dont il s’est approprié les récoltes entières, et à qui il n’a rien laissé ni du produit de leurs travaux ni même de leurs propriétés. Ces trois médimnes auxquels il a consenti, comme par grâce et par bienveillance, à réduire ses profits, que lui ont-ils rapporté ? Vous allez l’apprendre,

XLIX. La déclaration du canton de Leontium porte trente mille arpens ; ce qui donne quatre-vingt-six mille médimnes de blé, c’est-à-dire cinq cent quarante mille boisseaux. Déduisez les deux cent seize mille boisseaux que la dîme a été vendue, il en reste trois cent vingt-quatre mille. À la somme totale de cinq cent quarante mille ajoutez trois cinquantièmes, c’est-à-dire trente-deux mille quatre cents boisseaux (car on exigeait de tous les laboureurs une subvention de trois cinquantièmes en sus), voilà bien trois cent cinquante-six mille quatre cents boisseaux. Mais j’avais d’abord fait monter à quatre cent mille la totalité du bénéfice ; cela est vrai : aussi n'avais-je pas fait entrer dans mon calcul les laboureurs avec qui l’on n’avait point transigé pour trois médimnes. Mais afin de compter, même d’après cette base, la somme que j’ai annoncée, il me suffira d’observer que plusieurs ont été forcés d’ajouter à chaque médimne, les uns deux sesterces, d’autres cinq, et tous au moins un. Si nous nous en tenons au minimum, puisque nous avons dit quatre-vingt-dix mille médimnes, il