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XLVIII. Selon les rôles et la déclaration du canton de Leontium, il ne s’y trouve pas plus de trente mille arpens. La dîme a été vendue trente-six mille médimnes. Est-ce erreur, ou plutôt folie de la part d’Apronius ? Il aurait sans doute perdu toute raison, si l’on eût permis aux laboureurs de ne donner que ce qu’ils devaient, sans forcer encore de donner tout ce qu’Apronius demandait. Si je démontre que personne n’a payé pour la dîme moins de trois médimnes par arpent, vous conviendrez, je pense, qu’il n’y a personne qui n’ait payé moins de trois dîmes, même en supposant que les terres aient rendu le décuple. On alla même jusqu’à demander à Apronius, comme une grâce, de vouloir bien permettre que l’on transigeât sur le taux de trois médimnes par arpent ; car il en est plusieurs dont il a exigé quatre et jusqu’à cinq médimnes, plusieurs à qui on ne laissa pas un seul grain, ni même la paille, de toute la récolte et de tout le travail de l’année. Alors les laboureurs de Centorbe, dont le nombre est si considérable dans le territoire de Leontium, se réunirent en assemblée générale, et députèrent auprès d’Apronius Andron de Centorbe, un des citoyens les plus distingués de leur ville par sa naissance et par sa considération personnelle. C’est le même que la ville de Centorbe a envoyé déposer en son nom dans ce procès. Ils le chargèrent de plaider devant Apronius la cause des laboureurs, et de le prier de ne pas exiger des cultivateurs de Centorbe plus de trois médimnes par arpent. On eut peine à obtenir cette faveur d’Apronius, comme une grâce insigne accordée à ceux qui n’étaient pas encore entièrement ruinés. Mais, en ayant l’air d’obtenir une grâce, qu’obtenait-on réellement ? Qu’il fût permis de payer trois dîmes pour une! Si ce