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parmi leurs compatriotes trois députés, pour que vous connaissiez, par leurs dépositions, les calamités non pas d’un seul canton, mais de presque toute la Sicile. Car les natifs de Centorbe cultivent la plus grande partie de la province ; et ils sont contre vous, Verrès, des témoins d’autant plus accablans, d’autant plus dignes de foi, que, si les autres cités ne sont affectées que de leurs propres injures, les laboureurs de Centorbe, qui ont des propriétés dans presque tous les cantons, ont ressenti les pertes et les dommages de toutes les autres cités.

XLVI. Mais, comme je l’ai dit, l’affaire des habitans d’Etna est évidente ; leurs registres publics et particuliers ne laissent aucun doute. À mon zèle est imposée une tâche plus difficile pour prouver ce qui s’est passé dans le canton de Leontium, par la raison que les Léontins n’ont pas mis beaucoup de zèle à me seconder. En effet, pendant la préture de Verrès, les exactions des décimateurs, au lieu de leur nuire, leur ont en quelque sorte profité. Il vous paraîtra peut-être étonnant et même incroyable qu’au milieu de toutes les vexations essuyées par les laboureurs, les Léontins, qui sont les plus grands propriétaires de blés, aient été exempts des vexations et des injustices générales. En voici la raison, juges. Il n’y a dans tout le canton de Leontium que Mnasistrate qui fasse valoir ses terres ; les autres n’en possèdent pas un arpent. Mnasistrate est un homme plein d’honneur et de vertu ; vous entendrez sa déposition, juges. Pour tous les autres Léontins, auxquels Apronius ni aucun autre fléau de la nature n’ont pu nuire dans leurs campagnes, vous attendriez vainement leur témoignage ; car non-seulement ils n’ont point souffert des rapines d’Apronius, mais ses brigandages ont même tourné à leur profit et à l’augmen-