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qu’elle est amie du travail. Les souffrances des laboureurs d’Héraclée, de Gela, de Solonte, seront exposées à vos yeux. Vous apprendrez les déprédations commises par Apronius dans le territoire de Catane, dont la population est si opulente et si dévouée. Vous verrez que la ville célèbre de Tyndaris a été entièrement ruinée par les exactions des décimateurs, ainsi que Céphalède, Halèse, Apollonie, Engyum et Capitium (39) ; qu’aux habitans de Morgante, d’Assore, d’Élore, d’Enna, de Letum (40), on n’a rien laissé ; que ceux de Citaros et d’Acheris, petites bourgades, sont accablés et perdus sans ressource ; que toutes les terres sujettes à la dîme ont, pendant les trois années de sa préture, été tributaires du peuple romain pour leur dîme, et de Verrès pour tout le reste ; en un mot que la plupart des laboureurs sont aujourd’hui dans le dénument, et que s’il s’en trouve à qui l’on ait laissé ou remis quelque chose, c’est uniquement parce que l’avarice satisfaite de Verrès dédaigna de tout garder.

XLIV. Je me suis réservé de vous parler de deux cités dont les terres sont peut-être les meilleures de l’île, et du moins les plus vantées, Etna et Leontium. Je laisse de côté les profits que Verrès y a faits pendant ses trois années ; il me suffira de prendre une seule année, pour arriver plus facilement au but que je me suis proposé. C’est donc la troisième année que je choisis, parce que c’est la plus récente, et que Verrès s’y est comporté en homme qui, voyant qu’il allait bientôt quitter sa province, s’embarrassait fort peu de laisser un seul laboureur en Sicile. Je vais m’occuper des dîmes d’Etna et de Leontium. Prêtez-moi, juges, une oreille attentive. Il s’agit de deux cantons fertiles, de la troisième année, et d’Apronius le décimateur. Je dirai très-peu de chose