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tenue ? L’épouse de Cassius, femme de la première distinction, qui possédait dans le territoire de Leontium des terres patrimoniales, n’a-t-elle pas vu enlever toute sa récolte par l’ordre de Verrès, sous prétexte des dîmes ? Vous aurez, Verrès, pour témoin dans cette cause, celui que vous avez eu la prévoyance de récuser pour juge. El vous, juges, vous ne devez pas oublier qu’il existe entre nous une sorte de communauté, de solidarité d’intérêts. Bien des charges sont imposées à notre ordre, et bien des travaux, bien des périls auxquels l’exposent, non seulement des lois et des procédures rigoureuses (35), mais les murmures du peuple et la difficulté des conjonctures. Si cet ordre est exposé, élevé si haut, c’est pour qu’il soit en butte à tous les orages de l’envie. Dans une situation si pénible et si agitée, ne conserverons-nous pas au moins, juges, la prérogative de n’être point traités par nos magistrats avec dédain et avec mépris, quand nous revendiquons nos droits ?

XLII. Les Thermitains avaient envoyé des députés pour acheter les dîmes de leur territoire. Ils regardaient comme très-important pour eux que leur cité se les fît adjuger, même à très-haut prix, plutôt que de tomber sous la dépendance d’un agent de Verrès. Un certain Venuleius avait été aposté pour prendre ces mêmes dîmes. Cet homme ne cessa point d’enchérir. Les députés tinrent bon tant que la chose leur parut raisonnable ; mais à la fin ils cessèrent d’enchérir. Les dîmes furent adjugées à Venuleius pour huit mille boisseaux de froment. Possidore, l’un des députés de Thermes, fit son rapport à ses concitoyens. Bien que l’estimation leur parût à tous excessive, toutefois ils donnèrent à Venuleius, pour qu’il ne mît point le pied dans leur ville, deux mille sesterces (36),