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si vous le voulez, non point d’avoir enrichi Turpion, mais d’avoir volé les habitans de Pétra.

XL. Poursuivons. Ceux d’Halicye, où les étrangers résidans sont soumis à la dîme dont les Halicyens sont exempts pour les champs qu’ils cultivent, n’ont-ils pas été forcés de donner quinze mille sesterces au même Turpion, bien que leurs dîmes n’eussent été affermées que cent médimnes ? Quand vous pourriez, comme c’est votre intention, prouver que tous ces bénéfices ont tourné au profit des décimateurs, sans qu’il vous en soit rien revenu, toutes ces sommes d’argent, résultant de violences et d’injustices sinon commises, du moins autorisées par vous, ne devraient-elles pas aggraver vos torts et tourner à votre condamnation ? Mais, comme vous ne parviendrez à convaincre personne que vous ayez été assez fou pour vouloir qu’un Apronius, un Turpion, ces vils esclaves, devinssent riches à vos périls, aux périls de vos enfans, qui pourra douter, je vous le demande, que ce ne soit pas pour vous que ces émissaires aient amassé tant d’argent ? A Ségeste, qui est aussi une ville franche, l’esclave de Vénus, Symmaque, est envoyé comme décimateur. Il présente une lettre de Verrès, qui porte que les laboureurs, au mépris de tous les sénatus-consultes, au mépris de tous leurs droits et de la loi Rupilia, s’engageront à plaider hors du ressort de leur ville. Écoutez sa lettre adressée aux Ségestains. Lettre de C. Verrès. Comment l’esclave de Vénus a-t-il su tirer bon parti des laboureurs ? Un seul arrangement fait avec un citoyen honorable et considéré va vous en instruire ; car toutes les autres transactions furent du même genre. Dioclès de Panorme, surnommé Phimès, homme illustre et laboureur de noble extraction, avait, dans le territoire de Ségeste (car les Panormitains