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vous avez tiré cet argent des Lipariens malgré eux ? Mais pourquoi vous demanderais-je vos moyens de défense avant de savoir de la ville même de Lipari ce qui s’est passé ? Lisez la déposition officielle des Lipariens ; puis comment l’argent a été compté à Valentius. Déposition officielle de la ville ; somme remise ; extrait des registres publics. Quoi donc une ville si petite, si éloignée de vos mains et même de vos regards, séparée de la Sicile, cachée dans une petite île inculte et sans ressource, déjà par vous accablée d’exactions encore plus criantes, est encore, même pour le recouvrement de la dîme, devenue pour vous une occasion de profit et de butin ? Cette île que vous aviez abandonnée tout entière à l’un de vos compagnons comme un présent sans conséquence, vous avez voulu que sur le produit des dîmes on en tirât autant de profit que des cantons intérieurs de la Sicile ! Ainsi ces peuplades qui, avant votre préture, rachetaient des pirates leurs chétifs domaines, se sont également vues forcées de les racheter de vous à prix d’argent.

XXXVIII. Continuons. Et les habitans de Tissa, dont la ville est si petite et si pauvre, mais qui sont des laboureurs aussi actifs qu’économes, n’en avez-vous pas exigé, à titre de bénéfice, plus que la valeur de tout le blé qu’ils avaient cultivé ? Vous leur avez envoyé pour décimateur Diognote, esclave de Vénus, publicain d’une nouvelle espèce. Pourquoi, d’après un tel exemple, ne verrions-nous pas à Rome nos esclaves affermer les impôts de l’état ? La seconde année les habitans de Tissa furent contraints, quoi qu’ils en eussent, de donner à Diognote vingt-un mille sesterces de bénéfice. La troisième année ils furent encore forcés de remettre à cet esclave de Vénus, toujours à titre de bénéfice, trois mille mesures de froment. Ce