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des ordres tyranniques, de leurs droits et de tous leurs biens, et même de la liberté de se plaindre. Je ne permettrai certainement pas que, mon plaidoyer fini, on ne réponde que quarante jours après(96), lorsque ce long intervalle aura fait oublier mon accusation ; je ne souffrirai pas que le jugement ne soit prononcé qu’après le départ de cette foule de citoyens venus de toutes les parties de l’Italie pour assister aux comices, aux jeux, ou au cens(97). Du jugement de cette affaire résulteront nécessairement, pour vous, les fruits glorieux de l’estime ou les dangers du mécontentement publics ; pour moi, travail et inquiétude ; pour tous les citoyens, la connaissance de cette cause, et le souvenir de ce qui aura été dit par chacun de nous. J’userai d’un moyen qui n’est pas nouveau, et qu’ont déjà employé ceux qui tiennent aujourd’hui le premier rang dans l’état(98) ; je commencerai par interroger les témoins. La seule innovation que je me permettrai consistera à les produire dans un ordre qui conduira au développement successif de toutes les parties de l’accusation. Quand, par mes questions, mes preuves, mes déductions, j’aurai établi chaque point, je rapprocherai les dépositions des faits : il n’y aura donc d’autre différence entre l’ancienne accusation et la nouvelle, qu’en ce que dans celle-là on produit les témoins après les plaidoyers, tandis que dans celle-ci on les produira à la suite de chaque fait. Mes adversaires auront également la faculté d’interroger, de prouver, de discuter. Si quelqu’un regrette de ne pas m’entendre développer toutes les charges de l’accusation dans un plaidoyer suivi, il sera satisfait à la seconde action. Il sentira que la marche que nous suivons aujourd’hui a pour but de déjouer les intrigues de nos adversaires, et nous est